GUIDE OENOGRAPHILIQUE
L'ART ET LE VIN : ETIQUETTES MOUTON ROTHSCHILD
XX ième SIECLE 1989 à 1999
GEORG BASELITZ 1989
Né en 1938 à Deutschbaselitz en Saxe, le peintre allemand Hans Georg Kern empruntera à sa ville natale le pseudonyme de Baselitz et ne découvrira l’art contemporain qu’à l’âge de 20 ans, en quittant l’Allemagne de l’Est.
D’emblée, sa peinture se signale par une liberté iconoclaste, par la force provocatrice de certains thèmes – pieds mutilés, phallus difformes, masques désespérés – et par une violence subversive alliée à une quête spirituelle qui évoque Antonin Artaud ou Baudelaire. En 1969, il peint son premier tableau à motif renversé. Son œuvre à venir restera fidèle à cette démarche, dans laquelle le peintre trouve une “nouvelle distance” par rapport à l’objet représenté. Ainsi, sans pourtant rompre avec l’art figuratif, il impose au public une véritable révolution du regard.
FRANCIS BACON 1990
Né à Dublin, le peintre anglais Francis Bacon (1909-1992) affirmera n’avoir trouvé son style qu’en 1945 avec ses Trois études de figures au pied d’une Crucifixion. Cependant, il faudra attendre les années 1980 pour que Francis Bacon soit reconnu comme un des plus grands peintres de ce siècle, tout en se refusant aux honneurs et à l’embourgeoisement.Irréductible à toute école, il exhibe la nudité, la chair, la virilité de l’homme, saisi dans une solitude dérisoire, tordu par le spasme de la naissance, de l’agonie, ou d’on ne sait quel mystérieux malaise, entre tragédie classique et mal de vivre contemporain. “Je n’ai jamais su peindre un sourire”, disait-il.
SETSUKO 1991
Née au Japon, issue d’une vieille famille de Samuraïs, Setsuko (1942-2015) reçoit une éducation occidentale tout en s’initiant aux arts traditionnels de son pays : musique, poésie, danse shimaï.Elle rencontre Balthus à Tokyo en 1962, et, très vite, elle le rejoint à Rome où le peintre de la Chambre Turque, et de tant de chefs d’œuvre, est alors Directeur de la Villa Médicis. Devenue sa femme, elle accueille à ses côtés les créateurs les plus originaux de notre époque : écrivains, artistes, cinéastes… Près de Rome, ils acquièrent le château médiéval de Monte Calvello, dont Setsuko marie harmonieusement les vieilles pierres au mobilier japonais de son enfance.
Depuis 1977, le couple vit en Suisse, dans le Grand Chalet de Rossinière, autre demeure magique, où le talent de Setsuko peut enfin s’épanouir. L’hôtesse, la décoratrice est désormais un peintre à part entière.Son premier public fut sa fille Harumi. Dessinant pour elle des histoires en images, façonnant de chatoyantes marionnettes, Setsuko donne vie et couleur aux animaux familiers comme aux princesses de légende. Pour Balthus, elle se plaît à fabriquer des coussins en patchwork où se détachent des silhouettes de chats au regard étrangement humain.
PER KIRKEBY 1992
Né en 1938 à Copenhague, le peintre danois Per Kirkeby accomplit des études d’histoire naturelle, puis de géologie. Tout au long de sa vie, la diversité de ses talents l’orientera vers les formes d’expression les plus diverses : poèmes, romans, essais sur l’art, alors même qu’il est devenu un peintre célèbre. Coloriste puissant et tourmenté, Kirkeby considère la couleur comme créatrice de formes et de contrastes. C’est elle qui génère la disposition des masses sur la toile, en un surgissement lyrique où les profondeurs du moi s’accordent avec celles de l’univers représenté.Cette peinture exigeante n’invite ni au rêve ni à l’évasion facile ; projetant l’image d’une nature dense et sauvage, comme zébrée de courants telluriques, elle affirme violemment son irréductible présence.
BALTHUS 1993
Balthus est le pseudonyme du Comte Balthazar Klossowski de Rola (1908-2001). Né à Paris dans une famille d’origine polonaise, Balthus est remarqué dès l’âge de treize ans par le poète autrichien Rainer Maria Rilke. Toute sa vie sera ainsi scandée par l’hommage et l’amitié d’écrivains ou de créateurs parmi les plus exigeants de son époque : Pierre-Jean Jouve, Antonin Artaud, René Char, Giacometti, Georges Bataille, Fellini, Albert Camus, tous sensibles au travail de cet immense artiste, à son intelligence et à sa personnalité.Sa carrière de peintre a connu également des lieux d’élection : l’Italie, qu’il découvre dès l’âge de 17 ans et où il reviendra de 1961 à 1976 comme Directeur de la Villa Médicis à Rome ; le Morvan, où il habite de 1954 à 1961 ; les Alpes enfin, qui s’accordent avec son goût de la solitude et de la grandeur. Il vit aujourd’hui en Suisse avec son épouse le peintre Setsuko.
KAREL APPEL 1994
Peintre hollandais né à Amsterdam, Karel Appel (1921-2006) fonde en 1948 avec notamment Corneille, Alechinsky, Asger Jorn, le groupe COBRA pour lequel il sculpte “Cobra-Bird” (l’Oiseau-Cobra), emblème de ce mouvement qui exalte un expressionnisme baroque libéré de la tradition post-cubiste.Au cours des années 1950-1960, plusieurs commandes prestigieuses assurent sa notoriété internationale : décorations murales pour le Musée Municipal d’Amsterdam, pour le palais de l’Unesco à Paris…
ANTONI TÀPIES 1995
Né à Barcelone, le peintre et sculpteur catalan Antoni Tàpies (1923-2012) a toujours enraciné sa vie et son oeuvre dans sa ville natale. En 1948, il fonde la revue d’art “Dau al Set”. Il découvre alors les philosophies orientales et, lors d’un séjour à Paris, l’Art informel avec Dubuffet et Fautrier.Dès les années 1950, sa carrière prend une dimension internationale et lui vaut des récompenses prestigieuses. Barcelone lui commande une sculpture monumentale, Hommage à Picasso, et accueille la fondation Antoni Tàpies, inaugurée en 1990.
GU GAN 1996
Né en 1942 à Changsha dans la province du Hounan, le peintre et calligraphe chinois Gu Gan accomplit à Beijing (Pékin), au début des années 60, des études artistiques qu’il dut interrompre pour des raisons de santé, mais qui lui valurent un poste dans la municipalité de la capitale. Privé de son emploi par la Révolution culturelle, il fut contraint de travailler comme ouvrier imprimeur pendant dix ans. La mort de Mao et la chute de la “Bande des Quatre”, en 1976, lui permirent de retourner enfin à son art. A la même époque, il découvrit avec passion Kandinsky, Klee et Miró, alors presque inconnus en Chine.En 1985, il fut un des promoteurs de l’exposition “Calligraphie Moderne” à Beijing, et se fit bientôt connaître en Occident au cours de deux voyages en Allemagne, en 1987 et 1989. A Cologne, en 1993, eut lieu une importante exposition de ses oeuvres. Il vit aujourd’hui à Beijing et préside “l’Association des peintres et calligraphes modernes chinois”. Il est représenté dans de nombreux musées, tant en Chine qu’en Occident : British Museum, Musée de Cologne, etc…
NIKI DE SAINT PHALLE 1997
Née à Neuilly-sur-Seine (France), Niki de Saint Phalle (1930-2002) est élevée à New-York où résident ses parents. Très jeune, elle travaille comme modèle pour des grands magazines américains et commence des études musicales.En 1952, avec son mari Harry Mathews, père de ses deux enfants, elle s’installe à Paris et commence à peindre. Au cours d’un voyage à Barcelone, elle découvre l’architecture de Gaudi qui influencera durablement son art.En 1956, première exposition de peintures à St Gall, en Suisse. En 1960, elle rencontre le sculpteur Jean Tinguely avec qui elle entretiendra, jusqu’à la mort de celui-ci en 1991, une étroite relation amoureuse et professionnelle. Au cours des années suivantes, elle acquiert une première notoriété par des œuvres provocantes, comme ses « tableaux surprises », formés de poches de plâtre pleines de couleurs vives, qu’elle crève en tirant à la carabine. A la même époque, elle adhère au groupe des Nouveaux Réalistes auquel appartiennent notamment Yves Klein, Arman, Christo et Tinguely.
RUFINO TAMAYO 1998
Né à Oaxaca (Mexique) dans une famille d’origine indienne zapothèque, Rufino TAMAYO (1899-1991) est un des plus célèbres artistes mexicains du XXème siècle.Malgré l’opposition de sa famille, sa vocation précoce le conduit très jeune à Mexico où il étudie à l’Académie des Beaux Arts. Il découvre alors avec fascination les mystères et la diversité de l’art précolombien, qui inspirera toute son œuvre. Rebelle à l’engagement révolutionnaire alors de mise chez ses confrères « muralistes », il s’expatrie en 1926 à New York où il s’installera dix ans plus tard pour une longue période.
RAYMOND SAVIGNAC 1999
Né à Paris, de parents originaires de l’Aveyron et qui tiennent un café-restaurant, Raymond Savignac (1907-2002) manifeste très tôt un don pour la caricature.En 1933, première rencontre décisive : celle de l’illustre affichiste Cassandre, qui lui met le pied à l’étrier en le prenant comme assistant à l’Alliance Graphique.En 1943, il entre comme dessinateur au Consortium Général de Publicité qui appartient à Eugène Schueller, fondateur de l’Oréal. Il le quitte au bout de quatre ans et se lie alors avec son confrère Villemot ; tous deux exposent ensemble en 1949 à la Maison des Beaux-Arts. Schueller y découvre « La Vache Monsavon », œuvre de son ancien employé, et il l’édite aussitôt. Succès foudroyant : du jour au lendemain, Savignac est lancé. En 1951, il reçoit le Grand Prix de l’Affiche, premier d’une longue série d’honneurs. Depuis lors, il contribue à l’image des plus importantes sociétés françaises et étrangères, de Bic à Air France, de Dunlop à Pepsi-Cola…